Le déficit public s’élève à 5,5 % du PIB, Bruno Le Maire maintient son objectif de repasser sous 3% de PIB en 2027 : Analyse Expert sur les Objectifs de Réduction du Déficit Public
16/04/2024En 2023, l’Insee a annoncé un déficit public français de 5,5% du PIB, soit 154 milliards d’euros. Cela représente une augmentation par rapport aux années précédentes. La dette publique atteint quant à elle 110,6% du PIB fin 2023.
Cette situation est le résultat d’un ralentissement économique en fin d’année et d’une diminution des recettes publiques. Les élus locaux expriment leur inquiétude face à cette problématique.
Le ministre de l’Économie avait prévenu que le déficit serait supérieur à 5%, mettant ainsi en lumière les difficultés financières rencontrées au niveau national.
Le Maire confirme l’objectif de 3%
Les dépenses publiques ont légèrement ralenti, avec une augmentation de 3,7% après une hausse de 4,0% en 2022. En proportion du PIB, les dépenses continuent de reculer pour s’établir à 57,3%, mais elles restent supérieures à celles d’avant la Covid (55,2% du PIB en 2019). Les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 6,0%, tandis que les prestations sociales ont également accéléré leur croissance à +3,3%, portées par la revalorisation des prestations indexées sur l’inflation.
Concernant la dette publique française, elle atteint 110,6% du PIB fin 2023. C’est moins qu’en 2022 où elle était à 111,9%, mais proche d’un point au-dessus des prévisions gouvernementales (109,7%). À la fin du quatrième trimestre 2023, la dette publique au sens de Maastricht s’élève à 3 101,2 milliards d’euros.
Face à cette situation financière délicate et dans le contexte de cette publication économique récente , Bruno Le Maire a affirmé son engagement pour rétablir les finances publiques : « Ma détermination (…) est intacte: je maintiens l’objectif de %.
Fin de la gratuité illimitée
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a reconnu que les recettes fiscales ne correspondent pas à la situation actuelle. Il propose des économies sur les dépenses publiques sans augmenter les impôts pour les Français. Toutefois, il est ouvert à une augmentation de la contribution sur la rente inframarginale des énergéticiens, mais déclare que cette taxe n’a rapporté que 300 millions d’euros en 2023. Il insiste sur le fait qu’il refuse la facilité consistant à faire payer systématiquement les Français lorsque les comptes publics vont mal. Cette position intervient suite à un rapport de la Cour des comptes qui souligne le faible rendement de ce dispositif et suggère au gouvernement de le faire évoluer pour augmenter son rendement.
L’opposition critique vivement
Ce mardi matin, le déficit public de la France a été annoncé comme un dérapage « très rare » par Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes. Il a qualifié cette situation d’inédite et importante dans l’exécution budgétaire du pays.
Face à ces chiffres alarmants, divers acteurs politiques ont réagi. Eric Ciotti des Républicains a critiqué vivement la gestion du gouvernement actuel, pointant du doigt Emmanuel Macron pour ce bilan économique désastreux. De même, Jean-François Husson, rapporteur du Budget au Sénat, a souligné une situation d’échec et remis en question la crédibilité de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances.
Les conséquences probables de cette détérioration financière sont également évoquées : une possible dégradation de la note française par les agences de notation internationales pourrait engendrer une augmentation des coûts d’emprunts et alourdir davantage les finances publiques déjà fragiles.
Déjà prévenus par le ministre Bruno Le Maire que le déficit serait largement supérieur aux prévisions initiales, les observateurs s’inquiètent quant à l’impact sur l’économie nationale. La publication prochaine du verdict des agences Fitch et Moody’s ainsi que celle plus redoutée de S&P suscitent légitimement des craintes quant à la capacité future de la France à rembourser sa dette.
50 milliards d’euros économisés
La semaine dernière, le chiffre de 5,6% du PIB avait été avancé. Le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat a critiqué la gestion budgétaire du gouvernement et souligné qu’il était incapable de suivre la trajectoire budgétaire adoptée. Chaque décimale a un impact important sur les finances publiques. Une augmentation de 0,1 point du déficit représente environ 3 milliards d’euros en moins dans les caisses de l’Etat.
La France est le troisième pays le plus endetté de la zone euro et s’est engagée à revenir sous les 3% de PIB de déficit en 2027. Cela équivaut à des économies minimales de 50 milliards d’euros selon la Cour des comptes. Le retard accumulé en 2023 risque d’avoir un impact significatif en 2024 et les années suivantes.
Le gouvernement envisageait que sans mesure corrective, le déficit public augmenterait à 5,7% en 2024 (contre une baisse actuellement prévue à 4,4%) et à 5,9% en 2025 (contre une prévision actuelle à 3,7%).
Une augmentation d’impôts inévitable ?
Le gouvernement devra réaliser de nouveaux ajustements budgétaires, comme l’a reconnu le président Emmanuel Macron. Une idée commence à prendre de l’ampleur pour renflouer les caisses : une augmentation ciblée des impôts. Cette proposition divise la majorité, mais Yaël Braun-Pivet et François Bayrou souhaitent amorcer une réflexion à ce sujet. Ils proposent d’imposer davantage les entreprises réalisant des « superprofits » ou versant des « superdividendes ». De plus, Jean-Paul Mattei suggère d’augmenter le taux du prélèvement forfaitaire sur les revenus du patrimoine pour cibler les contribuables aisés. En 2023, 40 grandes entreprises françaises ont reversé un montant record de 63,2 milliards d’euros à leurs actionnaires, ce qui alimente la discussion autour de l’augmentation de la fiscalité chez « Renaissance.
Des débats animés au Parlement en vue
Bruno Le Maire s’est ouvert à discuter de l’idée d’une imposition minimale au niveau international sur les plus hauts revenus pour éviter l’évasion fiscale. Il est favorable à durcir les règles d’indemnisation des chômeurs pour favoriser le retour à l’emploi. Pour réduire les dépenses publiques, il prévoit des coupes dans le budget et une revue des dépenses sociales et locales. Il souligne également la nécessité de compléter l’ajustement dans toutes les actions utiles de la dépense publique.
Journaliste spécialisée en économie et finance, je décrypte depuis plus de vingt ans les enjeux économiques mondiaux pour un public exigeant. Mon parcours m’a conduite à collaborer avec des publications de renom, où j’ai analysé les marchés financiers, les politiques monétaires et les tendances macroéconomiques.

